Par Thierry Quéré
Je suis la Coudée, une mesure invisible mais omniprésente dans les édifices sacrés, déterminant les proportions et l’harmonie de chaque construction. Bien que vous ne puissiez me voir, je suis l’essence même des structures que vous admirez, leur conférant une dimension sacrée et une harmonie universelle.
J’ai des sœurs dont la valeur est universelle, valable partout sur Terre. Parmi elles, la coudée royale, liée au battement du champ magnétique terrestre, la coudée de Salomon, et celle de la Grande Pyramide, qui est un sous-multiple du rayon de la Terre. Ces coudées universelles incarnent l’unité et la cohésion cosmique, reliant chaque édifice aux forces fondamentales de notre planète.
Cependant, chaque lieu possède aussi sa propre coudée, unique et particulière, adaptée à sa latitude et à ses caractéristiques géographiques. Mon véritable nom est « coudée locale », je détermine le rythme et les proportions spécifiques de l’édifice, s’accordant avec l’énergie et la dynamique propres à ce lieu précis. Pour me déterminer, il faut attendre midi au solstice d’été. On incline un pieu d’un mètre en direction du soleil jusqu’à ce que l’ombre formée soit nulle. Alors, je suis la hauteur entre l’extrémité du pieu et le sol, capturant ainsi l’essence de ce moment précis et de ce lieu unique.
Je suis la clé de l’harmonie architecturale, guidant les constructeurs dans leur quête de perfection et d’équilibre. Mon rôle est de garantir que chaque édifice résonne en harmonie avec son environnement, reflétant à la fois l’universalité des coudées royales et la singularité des coudées locales. En m’utilisant, les bâtisseurs créent des structures qui ne sont pas seulement fonctionnelles, mais aussi empreintes d’une profonde signification symbolique.
Je suis la Coudée, symbole de l’harmonie entre le ciel et la terre, entre l’homme et la nature. Ma présence assure que chaque édifice est un microcosme du cosmos, reflétant les lois éternelles de l’univers dans chaque pierre, chaque mesure, chaque proportion.
Et vous savez, je n’ai plus beaucoup de travail de nos jours, alors j’ai du temps comme on dit chez vous et je rêve. Je rêve du jour où l’humain me redécouvrira et fera de nouveau appel à moi pour bâtir. Je rêve du jour où on me respectera et m’utilisera avec sagesse. Alors, je vous aiderai tous à construire des œuvres qui transcenderont le temps et l’espace. J’ai plein de projets pour l’humanité. Mais en attendant, je suis la coudée au bois dormant.